Sous le soleil noir des dégradations environnementales

Depuis la fin des années soixante, les questions environnementales sont à l’agenda public. Pendant très longtemps, les problèmes abordés ont été locaux, relevant de pollutions diverses, dont celle de l’eau. 

À partir des années 1980, les enjeux globaux se profilent, à la faveur notamment de la déplétion de la couche d’ozone. Notamment, car il était déjà question du climat lors de la première conférence des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm en juin 1972. Mais le sujet de ne s’impose progressivement qu’à compter de la décennie 1990, après la création du GIEC, le Groupe d’experts internationaux sur l’évolution du climat.

Les réponses politiques et gouvernementales aux problèmes locaux ont donné lieu à de véritables succès. Il n’en est rien pour les dégradations globales, climat et érosion de la biodiversité au premier chef. Á l’aggravation continue de la situation répondent systématiquement les petits pas des gouvernements et une relative indifférence des populations. Il semble toutefois que les choses soient en train de changer. Il va sans dire que ce ne sont pas les États qui changent. Non, ce sont les problèmes eux-mêmes. Ils sont devenus plus pressants et, surtout, désormais visibles. 

Le changement climatique n’est plus un danger abstrait et lointain, ne concernant que la fin du XXe siècle. La vague de chaleur de l’été dernier, battant de nombreux records de température, a touché tout l’hémisphère Nord. De multiples sécheresses ont perduré jusqu’à l’automne. En Californie, il n’y a plus de saison qui ne voie des incendies de forêt, et même la Suède était en feu à l’été 2018. Les cyclones Harvey et Florence ont été accompagnés de précipitations d’une ampleur jusqu’alors inconnue. Le Japon n’a pas été épargné non plus, ni Lausanne, ni Sion. De l’eau, encore de l’eau.

Le changement climatique n’est plus un danger abstrait et lointain, ne concernant que la fin du XXe siècle. La vague de chaleur de l’été dernier, battant de nombreux records de température, a touché tout l’hémisphère Nord. De multiples sécheresses ont perduré jusqu’à l’automne. En Californie, il n’y a plus de saison qui ne voie des incendies de forêt, et même la Suède était en feu à l’été 2018. Les cyclones Harvey et Florence ont été accompagnés de précipitations d’une ampleur jusqu’alors inconnue. Le Japon n’a pas été épargné non plus, ni Lausanne, ni Sion. De l’eau, encore de l’eau

Le niveau des mers remonte, la pêche industrielle exerce une véritable razzia sur les ressources halieutiques tandis que l’on parle désormais de plusieurs «continents» de plastique en plein milieu des mers. Dans son rapport (SR 15) sur le seuil critique des 1,5° C d’augmentation de la température, le GIEC lui-même évoque la possibilité qu’il soit atteint dès 2030. Quand le même groupe détaille la différence des conséquences entre 1,5 et 2 degrés d’augmentation, ce sont les toutes prochaines décennies qui sont concernées. Les rapports les plus alarmants sur l’état des populations sauvages ont été publiés durant les deux dernières années. Concernant la biodiversité, la situation, s’il fallait une comparaison nucléaire, peut s’apparenter à un début de fusion du réacteur. 

Et si les populations commencent à se mobiliser, les gouvernements, eux, restent pour l’essentiel sur leurs positions. L’arrivée au pouvoir des populistes en Europe et aux USA n’augure guère d’un changement de cap international. Il en va de même au Brésil, avec l’élection d’un président ayant d’ores et déjà proclamé son intention de sortir à son tour de l’accord de Paris. Toutefois, l’abîme entre les dégradations désormais visibles et l’inaction ne saurait non plus se perpétuer.

Dominique Bourg, Institut de géographie et durabilité, Université de Lausanne

llustration: Impact environnemental des huiles industrielles. Fernost